O "Milagre das rosas" - Miracle des roses dans la langue de Molière - est probablement la légende que j’affectionne le plus.
Au XIIIe siècle, le roi D. Dinis épouse la jeune Dona Isabel, alors seulement âgée de 12 ans (on est clairement sur un mariage très problématique mais passons). On dit que D. Dinis est un roi juste, mais avec son caractère quand même... Isabel, elle, est douce et bienveillante. Elle ressent beaucoup de peine et d'empathie pour son peuple pauvre et pour les malades, et décide de leur apporter son aide sans que le roi ne le sache, parce que selon lui : on mélange pas les torchons et les serviettes. Avec d’autres dames, elle leur apporte du pain. Et TOC pour Marie-Antoinette !
Pendant plusieurs nuits, elle se lève alors que tout le monde dort et part à la rencontre des pauvres et des infirmes. On est très loin de la générosité filmée de notre XXIe siècle ! Évidemment, notre mère Theresa du treizième siècle n’est pas la plus discrète et son radin d’époux se rend vite compte de ses escapades nocturnes. Un matin, alors qu’elle s’apprête à sortir, il l’intercepte. Le roi l’oblige alors à lui dire ce qu’elle cache dans le jupon de sa robe et elle dit “des roses”. Réponse bien bien étrange puisqu’ils n’ont pas de roses à cette époque de l’année dans le jardin royal. Il sait qu’elle ment.
Je sens d’ici votre tension monter. Voulant la prendre la main dans le sac - ou dans les pains dans cette affaire - il lui ordonne de lui montrer. C’est là que se produit le vrai miracle. La Reine Dona Isabel laisse le jupon de sa rose retomber et ce sont, je vous le donne en mille, DES ROSES qui tombent par terre ! Et pas n’importe quelles roses, les PLUS BELLES que le roi ait jamais vues ! De là naît le nom de “Santa Isabel”.
On prête une dimension religieuse à cette légende, s'accordant à dire que c’est Dieu qui aurait aidé Isabel pour la récompenser de sa bonté... Je vous avoue que je reste bien sceptique, mais ça ne m'empêche pas d'adorer cette légende. Si on dépasse la dimension religieuse, il y a tellement de choses derrière cette légende.
Ne pourrait-on pas y voir un peu de féminisme par exemple ? La belle Reine désobéissant au patriarcat et le dupant ? C'est en tout cas l'interprétation que j'en fait.
Miracle ou pas, cette légende s’est ancrée dans la culture portugaise et une statue est dressée à son effigie dans la ville de Estremoz. Peut-être moins féministe que Jeanne d’Arc, je vous l’accorde, Isabel jouit de l’élégance et de la finesse ibérique.
écrit par Lady Di le 16/10/2019
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