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Photo du rédacteurCap Assas

Gérald Bloncourt - Le photographe de l’immigration portugaise.






*Attention, cet article a été écrit par une jeune fille émotionnellement fragile qui pleure généralement pour un rien quand le Portugal est en jeu… Article très larmoyant en prévision*







Gérald Bloncourt… Ce nom je l’avoue ne me disait rien pendant longtemps, mais un jour tout a changé quand je suis tombée par hasard sur une photo dans un livre de mon grand père.


Petit contexte familial (utile vu le sujet de cet article) : mon grand père paternel a immigré en France dans les années 1960 pour fuir la dictature, espérant aussi trouver une vie meilleure en dehors de son pays. Sa première tentative a échoué et il s’est fait chopper par la police dans les Pyrénées, ses passeurs espagnols l’ayant trahi selon ses dires. Il réessaya une seconde fois et réussit pour de bon, surement parce que c’était le soir du nouvel an et que les policiers avaient autre chose à faire que de mourir de froid au milieu des montagnes en attendant trois pauvres portugais. Mon grand père est donc arrivé illégalement en France au début des années 1960, s’installant chez des proches pendant quelques temps, enchainant les petits boulots pour économiser de l’argent.

Il est passé par les bidonvilles aux alentours de Paris mais n’y est pas resté aussi longtemps que d’autres. Toutefois il a gardé une photo pour se souvenir de son passage dans les bidonvilles, un passage qui même si il ne le montre pas toujours, l’a bouleversé. Encore aujourd’hui il regarde cette photo avec nostalgie mais aussi et surtout avec amertume, se rappelant alors le traitement que sa génération a enduré en France avant de se faire une place dans la société.

Gérald Bloncourt parlait d’esclavage moderne en voyant ces ouvriers portugais. Ayant longuement observé cette communauté, il l’a même suivi sur les chemins clandestins menant en France afin de répondre à une question qu’il se posait constamment : Pourquoi ? Pourquoi vivre dans de telles conditions ? Pourquoi se rabaisser au point parfois de perdre toute dignité et vivre dans cette misère ?

La réponse il l’a trouvé en ne s’arrêtant pas aux portes des bidonvilles portugais mais en allant à la rencontre de cette communauté, et en devenant un ami de ces travailleurs, un témoin de leur quotidien. Si cette communauté vivait dans la boue et la misère vue de l’extérieure, la réalité était toute autre : ils avaient peut être peu, mais ils savaient faire en sorte que les gens se sentent comme des rois, même dans leur petite maison construite avec de la toile.


Quand j’ai entendu les mots affectueux et la voix douce de Gérald Bloncourt sur cette génération de portugais j’ai eu l’impression que rien n'avait changé au fond. A ses yeux les portugais étaient des gens simples, travailleurs et généreux, des personnes qui allaient au travail tous les matins et qui envoyaient leurs enfants à l’école pour qu’ils s’intègrent. Quand je vois mes parents qui sont les descendants de cette génération, je vois les mêmes qualités : des personnes simples, qui se tuent au travail, des individus prêts à tout pour que leurs enfants aient une vie meilleure.


Comment rester alors insensible face à ces propos et aux photos de Gérald Bloncourt qui m’ont heurté par leur dureté ? Elles montraient sans filtre le quotidien de la génération de mes grands parents, leur vie sur les chantiers et les usines, leur vie au sein d’un bidonville organisé et solidaire. Encore aujourd’hui ces clichés me bouleversent car la réalité que je vois me fait mal. Je n’ai pas honte du parcours de ma famille ou de cette génération, au contraire je suis fière de dire que je suis la descendante de personnes comme elles, des personnes qui ont travaillé sans relâche pour obtenir cette vie meilleure qu’ils voulaient tant. Tout ce qu’ils ont aujourd’hui et tout ce qu’ils ont construit pour leurs enfants, ils l’ont uniquement obtenu grâce à leur travail.

Les bidonvilles de ces portugais ont peut être disparus mais ces photos nous permettent de garder à jamais ce souvenir et de ne jamais oublier à quel point l’intégration en France a été difficile pour cette génération.

Cette photo qui se cachait dans le livre de mon grand père et qu’il regarde avec émotion comme un symbole d’une part majeure de sa vie, je la regarde moi comme le symbole d’une mémoire collective, un souvenir qui appartient à tous les portugais et lusdescendants de France.


Cet article est là pour célébrer cette part de notre histoire, bien trop inconnue pour beaucoup en France alors même que tout est arrivé sur le territoire français. Le souvenir de ces années s’est peut être atténué avec le temps, mais il ne doit jamais tomber dans l’oubli car ce serait renier une part de notre histoire, une part de nous même qui descendons directement de cette génération…


Photos : @Gérald Bloncourt.

écrit par Miss Magellan le 29/10/19

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